L'industrie de la crypto-monnaie a franchi une nouvelle étape en 2024 en consacrant 119 millions de dollars à l'influence des élections législatives américaines. Ce chiffre, qualifié de « sans précédent » par l'organisation de surveillance Public Citizen, représente près de la moitié de toutes les contributions « corporatives » cette année. Depuis la décision historique de la Cour suprême en 2010, qui autorise les entreprises à financer sans limite les groupes indépendants soutenant des candidats ou des causes, la crypto-industrie n'a cessé d'accroître son influence politique.
Selon l'analyse de Public Citizen, cette montée en puissance place la crypto-industrie juste derrière celle des énergies fossiles en termes de dépenses politiques depuis 2010. « Ce tsunami de cash corporatif crypto est une tentative audacieuse et sans précédent des entreprises à but lucratif de faire passer leurs priorités privées avant l'intérêt public », a dénoncé l'organisation dans son rapport.
La majorité des fonds provient de super PAC, des comités d'action politique capables de collecter des montants illimités, et dont les contributeurs doivent être déclarés à la Commission électorale fédérale. Près de 114 millions de dollars ont été attribués au super PAC Fairshake, principalement financé par Coinbase et Ripple. Public Citizen a souligné que sur 42 campagnes primaires financées par ces super PACs pro-crypto, 36 ont vu les candidats soutenus remporter la victoire.
L'influence de la crypto-industrie ne se limite pas aux contributions financières. Des figures politiques de premier plan, telles que Donald Trump et Kamala Harris, ont montré des signes d'ouverture envers cette industrie. Trump, lors d'une récente conférence sur le Bitcoin, a affirmé à une foule enthousiaste : « Les règles seront écrites par des gens qui aiment votre industrie, pas par ceux qui la détestent. » De son côté, Kamala Harris a signalé un possible « réajustement » de la politique démocrate envers la crypto-monnaie, suite à l'examen attentif des régulateurs actuels nommés par Joe Biden.
En plus des super PACs, Public Citizen a attiré l'attention sur l'utilisation de « dark money groups », des groupes qui ne sont pas tenus de divulguer leurs donateurs, pour financer des campagnes contre des sénateurs sceptiques envers la crypto, tels qu'Elizabeth Warren et Sherrod Brown. Cette stratégie de financement occulte vient renforcer la pression sur les législateurs pour qu'ils adoptent des politiques favorables à l'industrie crypto, marquant ainsi une nouvelle étape dans l'influence grandissante de cette dernière sur la scène politique américaine.
